Le 3 septembre 2020, le gouvernement français annonçait un plan de relance de 100 milliards d’euro pour « redresser l’économie et faire la France de demain » suite à la crise majeure engendrée par la pandémie liée au COVID. Ce programme repose sur trois piliers : l’écologie, la compétitivité et la cohésion.
On nous parle d’écologie d’accord, mais comment ? Sur ces 100 milliards, près de 30 milliards seraient consacrés à la transition écologique, elle n’est donc pas une priorité mais bien une composante parmi d’autres. De son côté, le site de l’OCDE publie une analyse des effets des mesures ayant un impact positif sur l’environnement dans 43 pays de l’Union européenne. Le montant total est estimé à 336 milliards de dollars. L’OCDE constate que l’ensemble des mesures de relance ayant un effet positif sur l’environnement est équivalent aux fonds affectés à des mesures dont les impacts sur l’environnement sont négatifs ou mitigés ! L’OCDE propose alors trois types d’action à réaliser afin que ces politiques publiques aient des effets positifs sur l’environnement : 1/ augmenter la part des dépenses dédiées à l’environnement dans le total des dépenses consacrées à la crise COVID, 2/ harmoniser les politiques publiques en menant des actions dans tous les secteurs de façon proportionnée et 3/ investir dans les compétences et l’innovation.
La troisième proposition retient notre attention : innover consiste à réaliser de nouvelles combinaisons productives, et donc à changer de regard dans la production de produits ou de services. Seul moyen nous semble-t-il pour sortir des limites de notre modèle économique fondé sur la croissance économique, la destruction de nos ressources et la pollution. Il s’agit ici de réfléchir à comment convertir nos modes de production (mais aussi de consommation) pour réduire l’impact négatif sur la planète de façon pérenne.
Comment faire ? En cumulant innovation et effort pour l’environnement. Ce sont les innovations environnementales, définies comme « la production, assimilation ou exploitation d’un produit, d’un processus de production, d’un service ou méthode de management ou d’affaires qui est nouvelle pour l’organisation (qui le développe ou l’adopte) et qui permet, sur toute la durée de vie du produit, la réduction du risque environnemental, de la pollution et d’autres effets négatifs liés à l’utilisation des ressources (dont l’énergie) par rapport à des alternatives comparables » (Kemp, Pontoglio, 2007).
La question centrale est alors la capacité à encourager les acteurs économiques à changer de posture pour mettre l’environnement au premier plan ou du moins au même niveau que les performances économiques. Dans la littérature, les facteurs encourageant ces innovations sont traditionnellement les politiques publiques (notamment la réglementation) ; la pression du marché et les approches volontaires (Porter, Van der Linde, 1995 ; Horbach, Rammer, Rennings, 2012). Ces innovations prennent différentes formes. Elles peuvent être ciblées sur un aspect du produit (emploi de contenant en plastique recyclé ou diminution de l’énergie nécessaire à sa production ou changement du mode de transport des intrants). Elles peuvent aussi être élargies à plusieurs étapes du cycle de vie du produit ou du service, l’approche devient alors celle du cycle de vie du produit.
Mais comment introduire le changement ? L’éco-conception est une réponse car cette approche oblige le producteur à changer son regard sur son mode de production. C’est en effet une méthode de conception dans laquelle des mesures sont prises lors du développement du produit afin de minimiser son impact environnemental sur toute sa durée de vie, tout en maintenant une performance technique équivalente (Johansson et al., 2001; Maccioni et al., 2019). L’éco-conception peut être étendue à des approches services ou systèmes.
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Article écrit par Marie-France VERNIER, enseignante chercheuse à l'ESDES Lyon Business School.