Les actionnaires d'Icade et de Silic ont approuvé la fusion entre deux foncières afin d’avoir une nouvelle entité capable de répondre aux enjeux du Grand Paris. Icade est une société créée en 1954, pour faire face aux besoins de logements au niveau national. La société, alors liée à la Caisse des Dépôts, a comme mission étatique de soutenir les grands développements économiques et sociaux dans le pays. Icade a une culture institutionnelle forte. De son côté, Silic est une plus petite entité mais est un acteur clé dans le développement urbain français car elle détient des emplacements stratégiques en région parisienne. La nouvelle organisation issue de la fusion est une société privée où la Caisse des Dépôts est actionnaire minoritaire (répartition du capital : 39 % pour actionnaires publics – 61 % actionnaires privés). Il ne s’agit donc pas d’une privatisation, mais dans cette opération, l’État intervient dans la stratégie de développement des entreprises pour assurer sa propre stratégie - via une opération de fusion en vue de sécuriser le projet du Grand Paris.
Effectuer une fusion était un défi en termes d’intégration des deux entités. Entre 40 et 60 % des fusions-acquisitions échouent dans leur objectif de création de valeur. La phase d’intégration de ces opérations engendre une confrontation directe entre deux entreprises distinctes avec leur culture, leurs processus et normes propres à chacun. L’intégration confronte ces structures et systèmes, peut-être compatibles, mais avant tout différents. De plus, le transfert de connaissances est un processus long et difficile car il implique de transférer les connaissances explicites mais aussi tacites entre la société absorbée et celle absorbante. Par exemple, le « savoir-faire » relève d’une connaissance dite tacite, et son appropriation par les deux sociétés, ne peut se résumer à une communication écrite ou verbale. Cependant, ce transfert de connaissances est déterminant pour assurer le succès d’une fusion entre deux entreprises car la création de valeur post-acquisition dépend de la capacité de l'organisation absorbée à partager ses informations avec la société absorbante, et inversement. En ce sens, une possible création de valeur lors de l’intégration émane tout d’abord d’un transfert de connaissances réussi.
Le transfert de connaissances a été jugé comme positif un an après l’intégration post-fusion. Néanmoins, le transfert de connaissances était unilatéral en début d’intégration, mais deux éléments dits « facilitateurs » ont été identifiés. En d’autres termes deux étapes ont été à franchir pour assurer un transfert de connaissances réussi. Premièrement, solliciter l’aide d’anciens top-managers de la société absorbée – Silic - pour dresser un état des lieux et des axes de progression peu de temps après la signature de l’opération. Les top-managers de la société absorbante se sont appuyés sur l’expertise de deux anciens top-managers pour engendrer une compréhension globale de l’organisation et des enjeux de celle-ci. Dès lors, le transfert de connaissances a été en partie assuré via l’expérience des autres. Deuxièmement, des connaissances ont été identifiées comme existantes en interne mais sous-exploitées et non-valorisées. La revalorisation de la compétence clé de la société absorbée (la plus petite) au sein de la nouvelle entité a participé à la réussite de l’intégration Les connaissances internes aux deux entreprises sont devenues de plus en plus interdépendantes pendant l’intégration.
En 2022 et au regard des défis qui l’attendent, l’entreprise continue à se structurer pour conquérir les nombreux appels à projet lancés dans le cadre du Grand Paris. Dans le contexte actuel, l’organisation interroge l’impact de la crise sanitaire sur la possible évolution des logements et bureaux.
Références
Thelisson A.-S. (2022) « Are we talking about merger or acquisition? Defining the integration process », Journal of Business Strategy. https://doi.org/10.1108/JBS-02-2022-0037